Aristote ! Que sa maitresse parlait ! Impossible de la faire taire ! Toujours un flot de paroles, le plus souvent pour râler sur des choses inchangeables, ou alors politiques auxquelles il comprenait peu de choses.
Il le savait, lorsqu'il avait été embauché par Estelle de Varenne ce n'était pas pour rire tous les jours. On lui avait déjà parlé, plus d'une fois, des caprices de la jeune femme blonde. Mais son flegme naturel, sa passivité face aux cris lui avaient permis d'être pris. Ouf. Et c'était sans parler de sa capricieuse fille, gâtée comme pas deux. Mais ceci est une autre histoire.
Mais en attendant, deux jours quelle parlait. Sans même dormir. Il avait donc parlé de sa soeur, Fanchon. Veuve d'un homme de basse qualité, il fallait quelle se place. Et la Varenne avait besoin d'une dame de compagnie. Fanchon était une femme rude, au parler franc, tout ce qu'il fallait pour la place. Il savait quelle saurait calmer la dame, la moucher dans ses diatribes incessantes. Puis, elle avait un grand coeur.
Enfin, ils arrivèrent. Le domestique aimait cette demeure, enfin, ce château. Le Duc de Domfront était bien plus calme que sa soeur. Posé, réflechit et d'une grande prestance. Il aimait parler avec lui, lorsque seuls eux deux étaient éveillés dans le château. Un homme, un digne, un noble au grand coeur.
Sa Varenne - oui, elle était sienne - sortit en râlant, demandant un bain. Il allait devoir courrir après les domestiques du lieu. Yvan se prennait pour un domestique de luxe. Il se savait indispensable à la caractérielle Estelle, puis il savait compter et écrire ! Après tout, il était conseiller avant d'être servant. Puis nounou aussi, autant de la mère que la fille.
Il gromella un "oui " à sa dame, puis entra dans le château avant elle, afin d'avertir le Duc.