Un cheval noir parcourait les prairies endormies par le froid et les gorges de la Varenne au grand galop, sans interruption… une cavalière encapée de noir s’y accrochait, penchée en avant sous l’effet du triple galop. La lice était loin derrière elle maintenant… le fracas des armes avait laissé place au martèlement cadencé des sabots du destrier. Presque une berceuse, si le cœur de la cavalière ne battait pas déjà plus vite que le rythme du galop lui-même…
Elle s’approcha de Domfront éclairé par le soleil couchant de cette journée d’automne finissant, le cœur secoué encore par des sentiments aussi violents que contraires, des résolutions d’un instant, d’une seconde… une seule certitude, lui parler. Maintenant… avant que tout ne dérape, que tout file, que la situation s’embrase… Elle ralentit sa monture pour rentrer dans la cours au petit trot, dont l’écho éclata contre les murailles de la demeure.
Elle reste là un instant… comme pour reprendre ses esprits. Seul le souffle rapide de la monture,sortant de ses naseaux encore fumants sous l’effet de la course et du froid, vient troubler le silence qui s’installa.
Nous y voilà, se dit-elle comme pour se convaincre que sa présence était justifiée.
Elle rabattit son capuchon et descendit de monture. La bride fut passée à travers un des anneaux scellés au mur et prévu à cet effet… une claque amicale sur l’encolure, pour le réconfort… et puis l’hésitation. Attendre ou entrer ? Il y a bien quelqu’un à cette heure…
Ola du château ? Puis-je rencontrer le maître des lieux ?